A PROPOS DES SONDAGES PAR J-Y. MARTIN

Les médias, organes de presse ou chaines de télévision, on le sait bien, commandent des sondages. Les Instituts les leur fournissent. Mais c’est d’abord du business. N’oublions pas, par exemple, que Mme Parisot, PDG de l’IFOP, est également présidente du MEDEF et proche de l’UMP.
Car, commander un sondage, c’est la certitude pour son commanditaire d’être abondamment cité dans tous les autres médias qui ne manqueront pas d’en reprendre les résultats. Bonne promotion quasi gratuite pour le support. Or, comme les tarifs publicitaires dépendent du nombre de citations d’un média par les autres, bingo ! c’est le jack pot assuré.
Certes, s’agissant là d’enquêtes électorales, les instituts se répandent en précautions hypocrites quant à la fiabilité prédictive de leurs résultats. Mais elles restent cependant de pure forme. Personne n’en tient véritablement compte. Vite faits en 24 h., avec un panel de moins de 1000 personnes, les marges d’erreur sont de 3 % en plus ou en moins.
Que dirent, dès lors, des évolutions se situant dans cette fourchette ? Pour l’évaluation de certains votes, on extrapole allègrement l’écart observé entre intentions de vote déclarées et votes réels au précédent scrutin du même type. Ce qui conduit, par exemple, à multiplier par deux les % déclarés par les électeurs FN ! Ces redressements sont les recettes d’une même cuisine classée jalousement secret industriel par chacun les divers instituts. Pourtant, qu’est-ce qui garantit que les comportements électoraux seront les mêmes à tout coup ? Serions-nous en 2007 dans la même situation qu’en 2002 ?
En même temps, les instituts d’opinion, dont les sondages politiques ne sont qu’une activité finalement marginale très saisonnière, savent très bien que les commanditaires adorent qu’on leur dise ce qu’il veulent entendre. Manière aussi de les fidéliser. Car il ne faut jamais oublier que la fabrication des sondages politiques et leur médiatisation s’effectuent dans un consensus rédactionnel - sorte de dogme politiquement correct et obstiné - qui veut qu’il y ait les deux grands candidats présidentiables de la bipolarisation, un troisième homme, et tous/tes les autres, voué/es à de petits scores.

C’est ce même oukase qui préside à la distribution des temps de parole des uns et des autres, dénoncé sans conviction par le CSA. Il serait très mal vu de se distinguer en s’en affranchissant, ne serait-ce que pour des considérations bassement commerciales. Mais, dans quelle mesure ce dogme ne vise-t-il pas à peser aussi sur les intentions déclarées ? C’est le serpent qui se mord la queue ! Ou la question de la poule et de l’œuf. Qui vient en premier : les sondages ou les intentions de votes ? Il y a donc bien une utilisation stratégique des sondages qui cherche à peser sur les pensées et les actes. Et si les chiffres eux-mêmes n’y suffisent pas, alors les commentaires d’experts patentés ou de journalistes paresseux et conformistes, qui sont parfois les mêmes, y pourvoient.

On ne saurait donc proclamer, comme Le Monde, « Vive les sondages ! », ni à l’inverse : A bas les sondages ! Dans l’immédiat, voyons cependant bien en quoi ils visent trop évidemment à servir de casse-pattes aux militants de la seule candidature populaire et antilibérale qui vaille (...) qui est celle de Marie-George Buffet.

De : J-Y Martin - Vendredi 23 février 2007
http://jymartin.gauchepopulaire.fr